Depuis plus de 30 ans maintenant, la fin du mois de juillet annonce, certes, l’arrivée des premières baleines, mais également le début de la récolte du piment à l’Étang Saint-Paul dans l’Ouest de La Réunion.
Si vous avez pour habitude de vous balader au niveau du Tour des Roches durant l’hiver austral, vous avez déjà dû observer ces femmes assises sur un tabouret, le dos courbé à l’ombre d’un parasol. Elles procèdent à la cueillette de ce fruit (oui, c’est un fruit !) incontournable de la cuisine réunionnaise.
Sous l'éclairage de Giovanni Payet, et de Christophe Narayanin, respectivement directeur adjoint et technicien en charge de l'agriculture de la Réserve Naturelle de l’Etang Saint-Paul, votre Office de Tourisme vous partage l’histoire de cette pratique unique dans l’Ouest de La Réunion.
La culture du piment à l’Etang Saint-Paul ne date pas d'hier. En effet, si dans les années 50, la zone est surtout un espace agricole destiné à la production de la canne à sucre et de la mangue, l’exploitation du piment se développe dans les années 90 suite à la fermeture de l'usine de Savanna.
La culture du sucre, laisse progressivement sa place à celle du piment dont la demande n’a de cesse d’augmenter au fil des années. Le sol, particulièrement riche en nutriments offre alors un terreau idéal pour la plantation de ce fruit et plusieurs producteurs s’y installent rapidement.
Aujourd’hui encore, la cueillette de ce condiment majeur de la cuisine réunionnaise se fait exclusivement à la main. Un travail physique, exercé en grande majorité par des femmes et qui demande une certaine expérience. En effet, si vous pensez qu’un piment rouge est un piment à cueillir, c’est faux ! Au contraire. Dans la majorité des cas, les piments sont récoltés verts, car c’est ainsi qu’ils sont consommés, ici, à La Réunion.
Afin d’identifier la maturité du piment, les cueilleuses doivent surtout analyser sa longueur et sa texture charnue. Sur un même pied, ceux-ci peuvent être à différents stades de maturité. Il faut donc avoir l'œil aguerri pour récolter les bons spécimens ! Avec patience et minutie, les célèbres cueilleuses de l’Etang Saint-Paul enlèvent ainsi précautionneusement le pédoncule du fruit, la queue verte, pied après pied, et ce pendant des heures durant.
C’est un travail fastidieux qui s'effectue souvent tôt le matin, avant que la chaleur ne s’installe.
Avec un peu de chance, en vous promenant au Tour des Roches, au niveau de la Poudrière, que ce soit en louant un vélo électrique ou à pied, vous pourrez croiser ces cueilleuses, dès la fin juillet et ce jusqu’à décembre selon les conditions météos. Ouvrez l'œil !
Cultiver la terre au sein de la plus grande zone humide littorale protégée des Mascareignes implique quelques particularités pour les producteurs.
En effet, contrairement aux autres productions de piment, ici, la culture ne peut se faire qu’en dehors de la saison des pluies, sinon les champs sont vite inondés ! Ainsi, la plantation du piment se déroule à la fin de la saison des pluies, en avril, après l'équinoxe d'hiver. À partir de juillet, il y a le début de la floraison et les premières récoltes se tiennent en plein hiver austral et peuvent se poursuivre parfois jusqu’en décembre.
De même, les agriculteurs travaillent dans un environnement précieux et préservé. Par conséquent, les agents de la Réserve Naturelle Nationale de l’Étang Saint-Paul entretiennent des relations multiples avec eux et les sensibilisent à cette fragilité des écosystèmes. Un encadrement technique est proposé également aux producteurs pour les accompagner dans une transition plus écologique de leur pratique agricole.
Pour rappel, la Réserve Naturelle de l’Étang Saint-Paul et ses 447 hectares, sont classés comme étant la seule Zone Humide d’importance internationale Ramsar de La Réunion. Riche d’un patrimoine naturel remarquable, elle est aujourd’hui un sanctuaire de nature pour la flore et la faune de l’île. L’activité agricole est un pilier historique de l'Étang de Saint-Paul et il s’agit, depuis plusieurs années, de mettre en œuvre une démarche collective, au service à la fois des producteurs et de la biodiversité.
Si vous le souhaitez, vous pouvez embarquer à bord d’un kayak avec un de nos éclaireurs de l’Ouest et partir à la découverte de ce patrimoine inestimable. Au cœur de celle qu’on appelle “La Perle verte de l’Ouest”, vous vivrez une expérience unique !
En rougail ou en pâte, farcie ou en bonbons, le piment est partout dans nos assiettes. Et ce pour notre plus grand plaisir ! Appartenant à la famille des solanacées, comme la tomate ou la pomme de terre, de nombreuses variétés de piment existent à La Réunion, et dans le monde.
Le piment Cabri (l’un des plus forts au monde !) tient son nom de son odeur proche de l’animal). Le piment Oiseau, le plus petit, se trouve aussi régulièrement sur les étals de nos marchés forains. Enfin le “zaiguille” est un fruit plus long, mesurant en moyenne 7 cm. Il est probablement la variété la plus demandée sur le marché réunionnais.
Au sein de la Réserve de l’Étang Saint-Paul, c’est justement entre 400 et 500 kilos de ce piment “zaiguille” qui sont récoltés chaque semaine ! Evidemment, ce rendement varie en fonction de la météo, de l’âge des plants...
Les agriculteurs écoulent leurs productions majoritairement via le marché de gros, mais également auprès des particuliers, que ce soit sur les marchés forains ou directement sur l’exploitation.
N'hésitez pas à poser la question à vos bazardiers et maraîchers lors de votre prochaine escapade au marché, vous trouverez forcément l’un de ces piments, uniques à La Réunion.
À déguster avec modération, évidemment !
L’hiver austral est LA saison pour faire le plein de bons zavocats de notre île. D’ailleurs, à l’Office de Tourisme de l’Ouest, on aime déguster le piment avec un délicieux rougail z’avocats.
C’est l’idéal pour relever un cari poulet ou un porc palmiste en donnant un peu de piquant. Voici notre recette.
Commencez par peler et écraser à la fourchette un avocat bien (bien !) mûr.
Pilez un peu de gros sel et 4 petits piments (à doser selon vos goûts !).
Hachez finement un oignon entier.
Mélangez le tout et placez au frais avant de servir avec un bon cari, au feu de bois !
Bon appétit !