Après quarante ans de dissimulation, le verger Rosthon à La Possession dévoile des paysages variés qui réconcilieront autant les gros marcheurs que les flâneurs.
Le long de la ravine des lataniers, le verger se dévoile tandis que s’évanouissent les rumeurs motorisées de la RN1 : des manguiers au moins bicentenaires font ombrage sur des sentiers bordés de murets de pierres et d’enclos à pique-nique assez vastes pour accueillir les familles les plus nombreuses.
Ce qui frappe, c’est le dédale des sentiers qui s’éparpillent dans toutes les directions. Des panneaux indiquent des pistes pour s’y retrouver : Kala, Grande Ravine des Lataniers, Plateau Savane, Chemin des Anglais… Avec ses trente hectares, le sanctuaire est plus grand qu’il n’y paraissait. La commune voit dans ce cœur végétal un moyen d’expression de développement durable.
En concertation avec le Parc National, elle prévoit une replantation massive d’espèces endémiques qui permettrait de rapprocher l’espace le plus possible de ce qu’il était avant les premiers habitants. En défrichant le parc laissé en jachère jusqu’en 2014, on exhume des espèces endémiques de l’emprise des lianes papillons, cette peste végétale aussi belle qu’invasive alors que l’endroit est un véritable sanctuaire pour une flore généreuse : longanis, lataniers rouges, bois d’olive…
CHACUN SON CHEMIN
Dans la multitude de sentiers autour du verger Rosthon, trois strates se démarquent et permettent des balades adaptées à votre niveau ou à vos envies.
La promenade sympathique : La plaine savane
Grimpant vers les hauteurs arides, il ne faut que quelque pas pour que la végétation change du tout au tout. Dans la plaine savane qui se compose d’herbes roses, le chant des oiseaux prend complètement le pas sur les moteurs désormais inaudibles. Jasmin Hubert se souvient des nombreux cabris qui y gambadaient. « Les malbars nous en achetaient pour leurs fêtes. Ils préféraient nos cabris aux élevages industriels parce qu’ils étaient mieux nourris. »
Les sentes de la savane peuvent monter par la carrière des lataniers mais un chemin permet de retomber naturellement sur le verger.
Si vous voulez vous attarder dans la savane ou vous hisser jusqu’à la crête, pensez à vous couvrir et à prendre de quoi vous hydrater. Vous pouvez aussi privilégier l’heure tardive qui pose un vernis doré sur la végétation.
Durée : 15 minutes
La boucle tranquille : Petite Ravine des lataniers
Abrité par de grands arbres, le sentier par la petite ravine des Lataniers est un sous-bois qui se change en véritable tunnel végétal salutaire après une exposition prolongée sur les crêtes ensoleillées de la plaine savane. En saison humide, il arrive qu’un cours d’eau s’y écoule jusque dans l’océan, changeant l’abri en habitat de nuées de moustiques, les pauses sans protection sont contraintes à la brièveté ou aux simulations de haka.
L’endroit fourmille de tamarins et d’espèces endémiques protégées, notamment un pied de bois d’olive gros peau désenfoui d’un amas étrangleur de lianes papillons. Après un soin attentif, il reprend du poil de la bête de l’écorce de l’arbre alors qu’il était en piteux état.
Durée : 30 minutes.
La bonne rando : La crête
Sur la crête qui domine la plaine savane se tient l’un des derniers bastions de forêt semi-sèche qui est aujourd’hui menacée d’extinction alors qu’elle recouvrait l’ensemble de l’ouest réunionnais. Ravagée par la déforestation massive et par l’invasion de lianes papillons et de choca introduits artificiellement, le Parc National s’engage à préserver la biodiversité par l’élimination d’espèces invasives et la réintroduction d’espèces endémiques. C’est l’un des rares endroits de l’île où l’on retrouve des pans de forêt exactement tels qu’ils l’étaient bien avant les premiers réunionnais.
Du sentier de crête à la zone la plus haute du domaine, un point de vue domine la carrière des lataniers et les cimes, s’étendant de la montagne au Port.
Durée : Jusqu’à deux heures
Bonne balade et bon pique-nique à tous, dans le coeur vert de La Possession !
Texte et photos : Zed Edition