La pêche aux capucins, une tradition dans l'Ouest de l'île de La Réunion

Chaque année à l’ouverture de la saison de la pêche aux capucins, les passionnés se lèvent aux aurores pour déployer leur filet dans le lagon de l’Ouest de La Réunion.

Pieds dans l’eau, tramail sur les épaules, ils perpétuent un savoir-faire souvent maîtrisé depuis des générations dans la famille.

Zoom sur une pêche encadrée, mais toujours au beau fixe !

Une pêche traditionnelle dans le lagon de l’île de La Réunion

Tous les ans en février, c’est le même rituel qui se joue avant les premières lueurs du jour. Les pêcheurs de capucins, en quête d’une prise frétillante, se donnent rendez-vous sur les plages de l’Ouest de La Réunion.

C’est à cette période que les « capucins carême » abondent dans les lagons de l’Ouest. Comme nous, ces petits poissons se plaisent dans ses eaux tièdes et cristallines.

On les rencontre notamment dans les fonds sableux, qu’ils adorent taquiner pour y chasser leur nourriture. Une chance pour les amateurs de pêche aux capucins à La Réunion ! La pratique ne date d’ailleurs pas d’hier. 

Les anciens se souviennent encore avec émotion des parties de pêche familiale à la nouvelle lune. Aujourd’hui, les filets de pêche ont remplacé les lianes à Patate Durand utilisées autrefois. Mais le plaisir de pêcher est quant à lui toujours bien présent !

D’autant plus que les locaux sont très friands du capucin en sauce, bien pimenté,  ou en friture avec du riz. D’autres ne jurent que par le fameux rougail capucin pour agrémenter les plats typiques de la cuisine réunionnaise.

Capucins carême : une pêche entre tradition et réglementation

D’une manière générale, la pêche est interdite dans les lagons de l’Ouest car il s'agit de zones de protection renforcée  de la Réserve Naturelle Marine. Néanmoins, la réglementation permet, sous conditions et dans certaines zones, 3 types de pêche de loisir à pied traditionnelle :

• la pêche à la gaulette ;

• la pêche zourite ;

• la pêche aux capucins.

Cette dernière est autorisée du 1er février au 30 avril, du mercredi au dimanche (sauf jours fériés), de 5 h à 9 h du matin. Elle se pratique généralement en petit groupe, dans un périmètre situé à 25 m maximum du rivage, à l’aide d’un filet de 10 m x 3 m, muni d’une maille de 16 mm.

Elle nécessite obligatoirement d’être détenteur d’une carte de pêche traditionnelle. La direction de la mer sud océan Indien (DMSOI) en délivre jusqu’à 800/an aux habitants des communes attenantes au périmètre de la Réserve : Saint-Paul, Trois Bassins, Saint-Leu, Etang-Salé et les Avirons. Premier arrivé, premier servi !

Seule la pêche aux capucins nains dans la limite de 4 kg/jour est légale. Les prises accessoires, de capucins adultes ou d’autres espèces de poissons, doivent être immédiatement remises vivantes à l'eau . C’est pourquoi des contrôles sont régulièrement effectués.

Une pêche respectueuse de la biodiversité marine

Durant la saison de la pêche aux capucins, des agents assermentés de la Réserve Naturelle Marine vérifient les numéros de carte de pêche. Ils relèvent également les heures et le poids des prises. Les contrevenants s’exposent à une confiscation du matériel et du produit de la pêche, voire à une amende salée.

Heureusement, ces contrôles se déroulent la plupart du temps dans une ambiance bon enfant, les pêcheurs étant de plus en plus sensibilisés à l’importance de préserver les ressources halieutiques.

Les données recueillies sont ensuite transmises à l’IFREMER, qui œuvre pour une gestion durable des espaces maritimes. 

En pratique, la pêche réglementée dans les eaux réunionnaises aspire à réconcilier deux univers. D’une part, celui des « ti pêcheurs lontan », dépositaires d’un savoir-faire ancré dans l’histoire de l’île. D’autre part, celui de la Réserve Marine, en charge de la lutte contre le braconnage et la protection de la biodiversité de nos récifs.

Héritière d’une tradition dans l’Ouest de la Réunion, la pêche aux capucins a encore de beaux jours devant elle. Loin de l’interdire, la réglementation dans les eaux de la Réserve Marine vise la sauvegarde d’un patrimoine naturel, précieux pour nos anciens comme pour les générations futures !

Texte : Sandra - Photos : Roxane @ Happei - Non libre de droit